Pollution de l’air à l’intérieur des habitationsAide-mémoire N°292
Septembre 2011
Principaux faits
- Environ 3 milliards de personnes font la cuisine et chauffent leur logement avec des foyers ouverts ou des fourneaux qui fuient et dans lesquels ils brûlent de la biomasse (bois, déjections animales, résidus agricoles) et du charbon.
- Près de 2 millions de personnes meurent prématurément de maladies dues à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations provenant des combustibles ménagers solides.
- Près de 50% des décès par pneumonie chez les enfants de moins de 5 ans sont dus aux particules en suspension inhalées à cause de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations.
- Plus d’un million de personnes par an meurent de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) apparaissant à la suite de l’exposition à cette pollution.
- Les femmes comme les hommes exposés à une fumée dense à l’intérieur des habitations ont un risque deux à trois fois plus élevé de développer une BPCO.
Pollution de l’air à l’intérieur des habitations et énergies domestiquesEnviron 3 milliards de personnes font toujours la cuisine et chauffent leurs habitations en utilisant des combustibles solides dans des foyers ouverts ou des fourneaux qui fuient. Environ 2,7 milliards brûlent de la biomasse (bois, déjections animales, résidus agricoles) et 0,4 milliard utilisent le charbon. La plupart sont pauvres et vivent dans des pays en développement.
Ce type de chauffage et de cuisson des aliments génère une forte pollution de l’air à l’intérieur des habitations, avec toute une variété de polluants nocifs pour la santé, dont de petites particules de suie qui pénètrent profondément dans les poumons. La fumée présente dans une habitation mal ventilée peut contenir 100 fois plus de petites particules que la teneur acceptable. L’exposition est particulièrement élevée pour les femmes et les jeunes enfants, qui passent le plus de temps près du foyer.
Impact sur la santéPrès de 2 millions de personnes par an meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations due à l’utilisation de combustibles solides (données de 2004). Sur l’ensemble de ces décès, 44% sont dus à la pneumonie, 54% à la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et 2% au cancer du poumon.
PneumoniePrès de la moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans dus à des infections aiguës des voies respiratoires basses sont imputables aux particules en suspension inhalées à cause de la pollution à l’intérieur des habitations provenant des combustibles ménagers solides (OMS, 2009)
Broncho-pneumopathie chronique obstructiveLes femmes exposées à une fumée dense à l’intérieur des habitations ont une probabilité trois fois plus grande de souffrir de broncho-pneumopathie chronique obstructive (comme la bronchite chronique) que celles qui brûlent des combustibles propres. Pour les hommes (déjà exposés à un risque accru de pneumopathie chronique à cause d’un taux de tabagisme plus élevé) l’exposition à la fumée à l’intérieur des habitations multiplie le risque par deux.
Cancer du poumonOn attribue environ 1,5% des décès annuels par cancer du poumon à l’exposition à des agents carcinogènes présents dans la pollution de l’air à l’intérieur des habitations. Comme pour la bronchite, le risque est plus élevé pour les femmes, en raison du rôle qu’elles jouent dans la préparation des repas, et de la fréquence relativement plus faible du tabagisme. Les femmes exposées à la fumée à l’intérieur des habitations ont donc un risque deux fois plus élevé de cancer du poumon que celles qui ne sont pas exposées.
Autres effets sur la santéPlus généralement, les petites particules en suspension et les autres polluants dans la fumée à l’intérieur des habitations provoquent des inflammations des voies respiratoires et des poumons, affaiblissent la réponse immunitaire et diminuent la capacité du sang à transporter l’oxygène.
Des liens ont également été établis entre la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et le déficit pondéral à la naissance, la tuberculose, les cardiopathies ischémiques et les cancers du rhinopharynx et du larynx.
Impact sur l’équité en santé, le développement et le changement climatiqueSans une modification sensible des politiques, le nombre total des personnes utilisant les combustibles issus de la biomasse augmentera, passant de 2,4 milliards aujourd’hui à 2,7 milliards d’ici 2030 (AIE, 2010). Il en résultera un accroissement du nombre de personnes exposées au risque d’effets nuisibles sur la santé dus à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations. L’utilisation de combustibles polluants pèse aussi lourdement sur le développement.
- Le ramassage du combustible prend beaucoup de temps aux femmes et aux enfants, ce qui limite d’autres activités productives et empêche les enfants d’aller à l’école. Dans des milieux peu sûrs, les femmes et les enfants sont exposés au risque de blessures et de violences pendant qu’ils ramassent le combustible.
- Les récoltes non renouvelables de biomasse contribuent à la déforestation et au changement climatique. Le méthane et le carbone noir (particules de suie) émis par la combustion insuffisante des fourneaux sont des polluants qui agissent puissamment sur le climat.
- Le manque d’accès à l’électricité pour au moins 1,4 milliard de ménages (dont beaucoup utilisent des lampes à pétrole pour s’éclairer) génère d’autres risques pour la santé, comme des brûlures et des blessures, ainsi qu’une limitation des possibilités pour la santé et le développement, par exemple les études ou l’artisanat et le commerce qui demandent un éclairage suffisant.
Action de l’OMSL’OMS est un partenaire majeur de l’Alliance mondiale pour des fourneaux propres, dirigée par la Fondation des Nations Unies et à laquelle participent diverses institutions des Nations Unies, des donateurs, des ONG, la société civile et des pays partenaires. Cette Alliance promeut l’amélioration de la conception des fourneaux de cuisine utilisant la biomasse pour réduire sensiblement la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, ainsi que des fourneaux à base de biogaz qui brûlent efficacement le méthane produit par les eaux usées et les déjection animales et en font un combustible ménager propre.
L’OMS dirige les efforts pour évaluer laquelle de ces nouvelles technologies produit le moins d’émissions et est la meilleure pour la santé. Elle fournit aussi un appui technique aux pays pour leurs propres évaluations et l’extension de l’utilisation des technologies favorables pour la santé.
Autres activités de l’OMSNouvelles directives concernant la qualité de l'air à l’intérieur des habitationsL’OMS prépare de nouvelles directives pour l’utilisation des combustibles ménagers. Elles ajouteront des orientations basées sur la santé concernant les combustibles, les technologies des fourneaux et d’autres stratégies (ventilation par exemple) pour diminuer l’exposition. Elles s’appuient sur les directives de l’OMS existantes concernant la qualité de l'air atmosphérique et sur les orientations récemment publiées par l’OMS sur les concentrations en polluants spécifiques à l’intérieur des habitations.
Base de données sur les énergies domestiquesCette base de données de l’OMS est utilisée pour surveiller les progrès de la transition vers des combustibles plus propres et des fourneaux améliorés, afin de contribuer à l’évaluation de la charge de morbidité liée aux énergies domestiques.
Calculateur des bénéfices partagés pour la santé et le changement climatiqueL’OMS appui la mise au point d’outils sur le web susceptibles d’aider les scientifiques et les professionnels de la santé à évaluer l’impact de nouveaux programmes et technologies en termes de bénéfices pour la santé (mortalité/incapacités) et de diminution des polluants.
Recherche et évaluation des programmesL’OMS collabore avec les pays, les chercheurs et d’autres partenaires pour harmoniser les méthodes d’évaluation dans diverses situations, de façon à évaluer de manière uniforme et rigoureuse les effets sur la santé et y intégrer l’évaluation économique des bénéfices pour la santé.
Rôle directeur et plaidoyer dans le milieu de la santéL’OMS travaille à l’intégration des orientations et des ressources en faveur des énergies domestiques propres dans d’autres initiatives mondiales pour la santé de l’enfant, des outils d’aide à la décision, comme l’outil LiST (Lives-Saved Tool), ainsi que dans d’autres aspects de ses propres orientations politiques en matière de santé. L’OMS défend les arguments sanitaires impérieux pour des énergies domestiques plus propres dans un certain nombre de forums mondiaux portant sur les questions de santé pour la femme et l’enfant, telles que la pneumonie ou d’autres maladies non transmissibles de l’adulte. Elle contribue ainsi à sensibiliser à l’importance de fournir des énergies domestiques propres et d’étendre leur utilisation, en tant que mesure essentielle de prévention pour la santé publique, afin de faire baisser la fréquence des maladies respiratoires des enfants et améliorer la santé pulmonaire des adultes.
Soutien aux objectifs du Millénaire pour le développement
- La lutte contre la pollution de l’air à l’intérieur des habitations aidera à atteindre certains objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier l’OMD4 (réduire la mortalité de l’enfant) et l’OMD5 (améliorer la santé maternelle).
- Elle contribuera aussi à l’égalité entre les sexes (OMD3) et à donner du temps aux femmes pour générer des revenus qui aideront à éradiquer l’extrême pauvreté et la faim (OMD1).
- Enfin, les énergies domestiques propres peuvent aider à la préservation de l’environnement (OMD7). L’OMS publie tous les ans un rapport sur la proportion de la population utilisant des combustibles solides pour la préparation des repas, en tant qu’indicateur clef pour évaluer les progrès en matière de santé et de développement.