La réhabilitation respiratoire, indiquée dans la BPCO même en cas de surpoidsLa bronchite chronique obstructive (BPCO) se manifeste entre
autre par une dyspnée et une intolérance à l’effort. Si une perte
de poids et une fonte musculaire sont des signes de mauvais
pronostic au cours de cette affection, on peut également observer
dans certains cas la présence d’une surcharge pondérale voire
d’une obésité.
Des auteurs canadiens ont examiné l'influence de la corpulence
sur la fonction pulmonaire, la tolérance à l'exercice, la
qualité de vie et la réponse à la réhabilitation respiratoire dans
la BPCO.
Les 261 patients étudiés sont issus d’une cohorte prospective
visant à comparer la réhabilitation en centre de soins ou au
domicile. Ils sont atteints de BPCO stable. Ils ont été répartis en
trois groupes en fonction de leur indice de masse corporelle (IMC)
et selon la classification de l’OMS : normal pour un IMC
compris entre 18,5 et à 24,99 kg/m
2, avec un surpoids
(IMC de 25 à 29,99 kg/m2) et obèses avec un IMC supérieur à 30
kg/m
2. La fonction pulmonaire de base, les résultats à
un test de marche de 6 minutes, le temps d'endurance au cours d'un
test d'effort à niveau constant sur bicyclette ergométrique et le
score à un questionnaire de qualité de vie, le St. George's
Respiratory Questionnaire ont été mesurés à l’état basal puis après
réhabilitation (durant 6 à 12 semaines selon la capacité des
centres).
Parmi les patients étudiés, 60 % sont obèses (78 patients) ou en
surpoids (n=95). Ce pourcentage correspond à la proportion des
sujets canadiens de plus de 40 ans en surcharge pondérale ou
obèses. Les malades des groupes obésité et surpoids ont une
obstruction significativement moins sévère par rapport aux patients
avec IMC normal. Le test de marche basal est plus altéré dans le
groupe obèse (- 65 mètres) et dans le groupe surpoids (- 49 mètres)
que dans le groupe IMC normal. En revanche le test d’effort sur
bicyclette, de même que les résultats du questionnaire de qualité
de vie sont similaires quel que soit le groupe.
Après réhabilitation, on note une amélioration dans chacun des
groupes pour le test de marche, faible mais significative (en
moyenne entre + 15 et + 21 mètres, p<0,01). La durée
d’endurance au test d’effort est aussi plus longue dans tous les
groupes, de façon également significative. Le questionnaire de
qualité de vie s’est considérablement amélioré dans chaque groupe
(diminution de 7 à 8 points, p <0,01).
Ces résultats montrent que, en lien avec « l’épidémie» d’excès
de poids que nous connaissons dans les pays industrialisés, un
grand nombre de patients BPCO sont également en surpoids ou obèses.
A fonction pulmonaire égale, ce sous-groupe de patient présente une
limitation plus rapide lors de la marche alors que la capacité
d’effort sur bicyclette est comparable dans tous les groupes. Le
poids n’a pas eu d’impact sur l'ampleur de l'amélioration après une
réhabilitation respiratoire, qui reste donc indiquée quel que
soit le profil du malade BPCO.
Dr Béatrice Jourdain