BPCO : l’oxygénothérapie ambulatoire n’est pas utile en l’absence d’hypoxémie permanenteL’oxygénothérapie au long cours (OLC) et à faible débit est
volontiers utilisée dans le traitement de la bronchopneumopathie
chronique obstructive (BPCO) parvenue à un stade évolué en général
du fait de l’installation d’une hypoxémie sévère permanente. Elle
est aussi plus ou moins préconisée en cas de dyspnée d’effort
sévère, mais son efficacité n’a pas été clairement démontrée dans
cette indication.
Une étude randomisée, menée à double insu contre placebo sur
groupes parallèles a inclus 143 patients (âge moyen, 71,8+/9,8 ans
; 44 femmes) tous atteints d’une BPCO confirmée. Les gaz du sang
ont été mesurés à l’état basal, de même que les paramètres
spirométriques usuels, notamment le VEMS. Les vertus de l’oxygène
ont été confrontées à celles de l’air chez des patients qui
n’avaient pas d’hypoxémie permanente lors de l’inclusion dans
l’essai.
L’évaluation fonctionnelle, pour sa part, a porté sur la dyspnée
d’effort jugée plus ou moins sévère, la qualité de vie en rapport
avec la maladie, les troubles de l’humeur, les performances
physiques et le recours à l’obus d’oxygène puisque l’OLC était
réalisée en ambulatoire. Les facteurs susceptibles d’influer sur le
bénéfice thérapeutique éventuel ont été également pris en
compte.
La durée de l’étude a été de 12 semaines et chez 50 des patients
inclus, il existait une désaturation en oxygène à l’effort, la SaO2
étant en effet < ou = 88 %. Lors de toute activité
physique déclenchant la dyspnée, les malades ont eu recours à
l’administration d’oxygène, à raison de 6 l/mn. Les analyses
statistiques ont été effectuées dans « l’intention de traiter»
(p< ou = 0,05). Au terme de l’essai, aucune différence
intergroupe significative n’a été mise en évidence, quel que soit
le critère d’efficacité utilisé. Dans l’ensemble de l’effectif, une
amélioration statistiquement significative a été constatée pour ce
qui est des manifestations dyspnéiques et des troubles de l’humeur,
mais celle-ci s’est avérée bien modeste d’un point de vue purement
clinique.
En bref, l’OLC ambulatoire semble être peu utile, voire inutile
chez les patients atteints d’une BPCO sévère avec dyspnée d’effort,
mais sans hypoxémie permanente. Les effets symptomatiques observés
au terme de 12 semaines de ce traitement ne sont ni plus ni moins
que ceux du placebo, en l’occurrence l’air ambiant.
Dr Philippe Tellier